Je ne connais Costes que par échos, bribes d'interviews, rumeurs. Je n'ai pas lu ses oeuvres littéraires. J'ai juste aperçu des extraits de ses "opéras" outrageants... Je ne me suis jamais penché sérieusement sur ses productions artistiques, cependant je sens chez lui certaines profondeurs propres au mystique. Profondeurs qui ne sont pas nécessairement hauteurs... N'importe ! Chez lui il y a une consistance, une énergie qui sans être tout à fait sacrée n'a rien de profane pour autant. Disons qu'il serait sur la voie, en chemin vers l'éblouissement. Certes moi non plus je n'aime pas du tout son côté glauque, scatologique ou prétendu tel, enfin toutes ses outrances répugnantes, mais après tout je me dis que cette apparente ordure est secondaire. Peu importe l'odeur de fumier qui se dégage de ses oeuvres, finalement je ne le trouve pas si choquant que cela tant que je ne m'arrête pas à mes premières impressions, superficielles. Ses tableaux scéniques, aussi misérables et décadents puissent-ils paraître ne sont que les supports trompeurs et anecdotiques -et peut-être même maladroits- de ce qui brûle en lui. L'essentiel chez lui, me semble-t-il, n'est pas dans cette esthétique dégénérée. L'important, c'est cette flamme qui l'habite. Ce feu qui le porte toutes ailes déployées là où peu d'entre nous accepteraient de poser ne serait-ce que le bout de la semelle.
Avec Costes ne nous arrêtons surtout pas aux apparences. Le personnage mérite mieux que notre mépris mondain.
Derrière cette façade d'excréments, de scandale, je sens chez lui une pureté, un éclat, une beauté supérieure, non pas sottement esthétique mais plus universellement -et plus simplement- mystique. Son parcours fangeux me fait songer à un cheminement vers le divin. La merde n'empêche pas la lumière. Il n'y a que les froids, hautains et frileux contradicteurs aux fronts délicats, aux dentelles fines et aux pensées molles qui font les dégoûtés-révoltés devant Costes. Face à lui ils font les caniches de salon. Ils parlent de lui depuis leur hauteur de petits insectes secs et dignes, bien propres sur eux, ne daignant baisser leur vue ni la lever au-delà de leur horizon lustré. Attitude bornée, confortable et lâche que j'adoptais moi aussi, au début. Mais Costes la bête, Costes l'ogre est aussi et surtout Costes l'Homme. L'Homme sous tous ses aspects : l'humanité totale, paradoxale, révoltante et glorieuse. Du bébé angélique au moribond crapuleux, de l'individu au collectif, de l'ordinaire au monstre, de l'insignifiant au génie, de l'insipide au vomitif, bref l'humanité de la terre, de notre terre, de notre temps, l'humanité de "notre monde". Et non l'humanité indolore, incolore, flasque, insensible et irresponsable de ces livres d'images bêtes que nous avons dans la tête.
L'astre et la pourriture, la fange et le cristal, la cendre et la chair, le sang et la fleur, tels sont les trésors flatteurs et dérangeants que porte en oui cet infréquentable champion de l'indicible.
Costes incarne magistralement et avec une insupportable sincérité les paradoxes odieux du monde et de l'homme, entre abîmes et sommets, entre "gouffres sans issue" et céleste essor. Là où nous fermons les yeux, il ouvre les siens. Nous détournons le regard de la mare humaine, il y plonge son âme. Parcours christique, cheminement rédempteur, explorations abyssales de l'âme... Costes n'est-il pas descendu dans nos enfers cachés pour mieux s'en extraire à présent que le fond a été atteint ?
Avec sous ses pieds ces tonnes d'engrais malodorant (qui n'est à mon sens que la simple illusion de celui qui n'a qu'une vue partielle des choses), que peut-on attendre d'autre de Costes qu'une montée fulgurante et extatique vers lui-même, doté depuis toujours de ce que je soupçonne être des ailes ?
vendredi 29 février 2008
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De très bons textes, comme toujours, mais je vous trouve bien avare, ces derniers temps...Vous nous aviez habitué à un débit plus cadencé.
RépondreSupprimerPotiron44,
RépondreSupprimerJ'écris parfois mes textes irrégulièrement, parfois de manière cyclique.
Raphaël Zacharie de Izarra